Mémorial de la Légion d'Honneur | Boulogne-sur-Mer

Le Mémorial de la Légion d'Honneur dit pierre Napoléon érigé en l'honneur de Napoléon Ier a été bâtie à proximité du camp de Boulogne où Napoléon avait réuni des troupes en vue d'une éventuelle conquête de l'Angleterre. Il constitue le second élément d'une composition monumentale.
Elle se trouve d'ailleurs sur un axe matérialisé par une longue avenue qui va de la mer vers l'arrière-pays boulonnais. C'est aussi un jardin historique, malgré les conditions difficiles du bord de mer.

Boulogne-sur-Mer 360° - Mémorial de la Légion d'Honneur - Côte d'Opale

La cérémonie du camp de Boulogne

Le 28 thermidor (15 août) est la fête de Napoléon. C'est ce jour qui sera choisi pour la remise solennelle des décorations de la Légion d'Honneur, dont l'éclat dépassera encore celui de la cérémonie des Invalides.

La municipalité boulonnaise avait fait ériger trois arches figurant le pont de Lodi, du haut duquel des musiciens sonnèrent des fanfares et des jeunes filles jetèrent des fleurs lors du passage du cortège. À l'entrée de la rue de l'Écu, rebaptisée rue Napoléon, fut édifié un portique représentant la façade du Temple de l'immortalité.
De plus, le conseil municipal approuvait le projet de construction d'une porte monumentale "pour consacrer l'avènement de Napoléon 1er au trône".

Le lieu choisi pour la cérémonie était le cirque de Therlincthum, aménagé tel un amphithéâtre romain. Au centre de la ligne droite qui le fermait, s'élevait un tertre de 16 pieds sur 8 de hauteur, au milieu duquel était posé un trône antique, dit "de Dagobert".
Comme ornement de fond, un énorme trophée d'armes et de drapeaux, surmonté d'une grande couronne d'or. Sur le trône, une draperie bleue parsemée d'étoiles d'or.
A côté, sur des trépieds, les croix à distribuer sont déposées dans des armures que l'histoire, ou la légende, attribuent à Bayard et Duguesclin.
Derrière le trône, la Garde. A droite, les deux milles tambours de la Grande Armée. A gauche, tous les musiciens.
L'armée, en colonnes serrées par brigades, est disposée autour de l'enceinte, comme autant de rayons convergeant vers le trône.

La cérémonie remise de la légion d'honneur

A midi, une salve de la batterie de la Tour d'Ordre annonce que l'Empereur quitte sa baraque. Il est accompagné de son frère Joseph et entouré des ministres, des maréchaux et d'une nombreuse suite. Napoléon porte le petit uniforme des chasseurs à cheval, c'est-à-dire l'habit vert au passepoil amarante, la culotte et le gilet blanc, avec le petit chapeau déjà légendaire.
Les tambours battent aux champs lorsque Sa Majesté arrive et gagne son trône. Une seconde salve marque le début de la cérémonie et rétablit le silence.
Le comte de Lacépède, Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, s'avance en compagnie du comte de Ségur, Grand Maître des cérémonies, et prononce une allocution, que suivra un immense roulement de tambours.

L' Empereur se lève. Sur un geste de Berthier, les 120.000 hommes présentent les armes. Napoléon donne lecture du serment des légionnaires :
**"Commandants, officiers, légionnaires, citoyens et soldats, vous jurez sur votre honneur de vous dévouer au service de l'Empire et à la conservation de son territoire dans son intégrité, à la défense de l'Empereur, des lois de la République et des propriétés qu'elles ont consacrées, de combattre par tous les moyens que la justice, la raison et les lois autorisent, toute entreprise qui tendrait à rétablir le régime féodal. Vous jurez de concourir de tout votre pouvoir au maintien de la liberté et de l'égalité, bases premières de nos constitutions". **

L' Empereur ajoute : "Vous le jurez" ; à quoi cent vingt mille hommes répondent d'un seul élan "nous le jurons".

A ce moment, les musiques, sous la direction du compositeur Mehul, exécutent "le Chant du départ" et d'autres symphonies guerrières, tandis que tonnent les batteries et que sonnent les cloches de la ville, auxquels répondent en écho les tirs de la flotte anglaise.

La distribution des croix commence

La distribution des croix commence alors. Le maréchal Berthier conduit au pied du trône les dignitaires qui vont être décorés. Parmi les premiers, ce sont l'amiral Bruix, les maréchaux Ney et Soult. Puis il va chercher, en tête de chaque colonne, les officiers et les soldats, à l'appel de leur nom par ordre alphabétique. Tous reçoivent l'aigle des mains de l'Empereur.

Il y eut près de 2.000 décorés, dont 16 Grands Officiers, 49 Commandants, 189 Officiers. Très peu de civils reçurent la Légion d'Honneur ce jour-là, douze seulement, parmi lesquels les évêques d'Arras, de Cambrai et de Gand.

La distribution finie, commença le défilé des troupes. Les marins de la flottille, la hache d'abordage à l'épaule, passèrent les premiers.
L'Empereur félicita Soult et les chefs militaires qui avaient préparé cette cérémonie au déroulement parfait.
Tous les nouveaux légionnaires étaient invités à un banquet donné en leur honneur par le Prince Joseph, les ministres de la Guerre et de la Marine, le maréchal Soult et l'amiral Bruix. Des bals étaient autorisés aux alentours des camps.
Le feu d'artifice prévu pour ce soir-là fut remis au lendemain, en raison du vent qui n'avait pas arrêté de souffler toute la journée.

Les réjouissances continuèrent les jours suivants.
Le 17 août, Napoléon écrivait à Cambacérès : "Mon cousin, la fête s'est fort bien passée hier ; seulement avec un peu de vent. Le coup d'oeil était nouveau et imposant. On a trouvé rarement autant de baïonnettes réunies".
Un monument devait commémorer cette inoubliable journée : la colonne de Boulogne, dont la première pierre sera posée le 9 novembre 1804, mais qui ne sera inaugurée qu'après le Retour des Cendres.

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