Au début de la Seconde Guerre mondiale, Lorette, toujours en activité, est mitraillée par la Luftwaffe devant Dunkerque, le bateau coule. Renfloué et rentré à Gravelines, il est réparé à la hâte avec des moyens de fortune. Quand l'occupant autorise à nouveau la pêche côtière en 1942, le dundee est réarmé et pêche sous le contrôle des autorités allemandes.
A la Libération, un nouveau moteur est installé et le bateau reprend du service.
L'été, il pêche la crevette sur le banc de Harwich face à l'Angleterre ; au printemps et en automne, la crevette grise et la sole avec un filet à perche sur les bancs de Flandres. L'hiver, il fait le chalutage « en boeufs » (à deux bateaux écartés de 50m pour un chalut). A la fin des années 1960, il est réformé au profit d'un bateau à moteur de nouvelle génération. Désarmé, le dundee est ensuite abandonné dans la vase de l'estuaire de l'Aa parmi des dizaines
d'autres voiliers de travail traditionnels.
Il s'en est fallu de peu qu'aucune trace de ce très bel élément du patrimoine maritime régional ne subsiste. Mais, au début des années 1970, la finesse des formes de sa remarquable coque de voilier attire l'attention d'un plaisancier
belge, amateur de bateaux traditionnels, à la recherche d'un navire à remettre en état. Les propriétaires successifs de Lorette entreprennent tour à tour d'importants travaux. Converti à la plaisance dans le plus strict respect de son
histoire et de sa vocation initiale, Lorette a conservé l'authenticité de sa silhouette de dundee traditionnel de la mer du Nord.