L'exécution de la colonne a dû présenter de grande difficultés. La juxtaposition des bas-reliefs du fût devait offrir sur-tout des obstacles presque insurmontables. Pour les vaincre, on a imaginé une machine fort ingénieuse : elle consistait dans des calibres composés de pièces de charpente fermant des portions de tambours du diamètre de la colonne. Ces calibres se divisaient en deux parties mobiles sur des arbres ; les uns dans une situation verticale ; les autres dans l'horizontale. Chacun d'eux recevait sa plaque ; puis, par l'effet d'un contre-poids, ces parties se rapprochaient ou s'éloignaient à volonté, jusqu'à ce que les plaques suffisamment ajustées et jointoyées se trouvaient entr'elles dans une parfaite juxtaposition.
Assujetties de la sorte, elles s'adaptent si parfaitement, et sur le fût, et de l'une à l'autre, qu'il ne serait pas possible d'en apercevoir les joints.
La première plaque commence en pointe, et représente la mer à l'horizon, partant ainsi de zéro de hauteur, elle prend figure d'un triangle allongé, représentant d'abord de petites vagues, puis de plus fortes ; enfin la flotille de Dunkerque. Ensuite le passage du Rhin, sur tous les points, par l'armée entière, les 25. 26 et 27 septembre 1805. La vue peut encore faire distinguer très aisément l'Empereur, revêtu de son costume impérial, il adresse à la troupe une proclamation ; en tournant un peu se trouve l'entrevue de S.M. avec le roi de Wurtemberg ; à gauche, on voit le mérite et la valeur récompensés, un dragon reçoit la croix de la légion d'honneur des mains de l'Empereur.
- Prise du pont de Douaverth, 6 octobre.
- Prise du pont de Lech, 7 octobre.
- Combat de Wirtinghen ; prise d'une division ennemie, 8 octobre, on y reconnait l'Empereur
- Vêtu de la redingotte qu'il porte ordinairement dans tous les combats.
- Entrée des Français à Augsbourg 9 octobre.
- Passage du Danube à Neubourg, 9 octobre.
- Combat de Guntzbourg ; le pont emporté de vive force, 10 octobre.
- Affaire de Landsberg, 11 octobre.
- Entrée des Français à Munich ; prise du pont et de la position d'Elchingen, 12 octobre.
- Combat de Langueneau, 13 octobre.
- Combat de Haag et de Wasserbourg ; prise d'un parc d'artillerie, 15 octobre.
- Prise de Memmingen, 15 octobre.
- Combat de Veresheim, 17 octobre.
- Capitulation de la ville d'Ulm, 17 octobre. On voit dans la place d'armes de cette ville,
- Le général en chef commandant la place, ainsi que son état-major : ils déposent leurs épées entre les mains de S.M.
- Combat de Nordhingen ; 18 octobre.
- Combat de Nuremberg, 21 octobre.
- Passage de l'Iser, 26 octobre.
- Passage de l'Inn, 27 octobre.
- Affaire de Muhledorff, 28 octobre.
- Entrée des Français à Salzbourg, 30 octobre.
- Entrée dans la ville et citadelle de Braunau, 30 octobre.
- Combat de Mérobach, 31 octobre.
- Combat de Lambach, 1er novembre 1805.
- Prise de Wels et de Lintz, 2 novembre.
- Prise du fort de Passling, 2 novembre.
- Passage de la Trann ; prise de la ville d'Ersberg, 3 novembre.
- Passage de l'Enns et prise de la ville, 3 nov.
- Prise de la ville de Steyer, 4 novembre.
- Combat de Lioven, 5 novembre.
- Combat d'Amstetten, 6 novembre.
- Affaires de Freydstadt et de Mattahausen, 7 novembre.
- Combat de Giulay, 8 novembre
- Combat de Marisnzell, 8 novembre.
- Prise des forts Scharnitz et de Neustark, 9 novembre.
- Entrée à Inspruck, 9 novembre.
- Combat de Diernestein, 11 novembre.
- Entrée des Français dans Vienne, 13 novembre. Les principaux magistrats de la ville viennent présenter les clefs à l'Empereur ; on reconnaît, par la ressemblance parfaite, le prince Murat, il porte l'uniforme polonais.
- Capitulation de la ville et de la forteresse de Kuflstein, 14 novembre.
- Prise de Sotokereau, 14 novembre.
- Entrée des Français à Presbourg, 16 nov.
- Combat de Waldermuncher, 16 novembre.
- Combat de Luntersdorff, 16 novembre.
- Prise de Clausen et de Brixen, 16 novemb.
- Prise de Znaim, 17 novembre.
- Combat de Brunn, 18 novembre.
- Combat d'Olmutz, 20 novembre.
- Prise de la ville de Brisen, 23 novembre.
- Prise de la ville d'Iglau, 28 novembre.
- Bataille d'Austerlitz, 2 décembre 1805.
Sur un de ces bas reliefs, vous voyez l'Empereur des Français et le prince Dolgorouski ; la plaque suivante représente S.M. visitant les bivouacs ; un grenadier se présente à lui, et jure de célébrer l'anniversaire de son couronnement.
En suivant, voyez l'Empereur environné des maréchaux de l'Empire ; il désigne à chacun la position qu'il doit prendre pour la bataille mémorable d'Austerlitz.
L'idée de la construction de cette superbe colonne, élevée à la gloire des armées françaises, appartient entièrement à S.M. l'Empereur des Français, qui a bien voulu en confier la direction à M. Denon, d'après les plans de M. Lepère, architecte. Ce monument a été commencé dans le courant du mois d'août 1807, et a été terminé dans le courant du mois d'août 1810.
Un autre monument, que nous devrons encore au bienfaits de S.M. va s'élever majestueusement au milieu de la Seine, adossée au Pont-Neuf, sur la plate forme où était le café Pâris.